Aimez vos ennemis – une commune humanité
Nous poursuivons notre lecture du Sermon sur la plaine de la semaine dernière. Cette fois-ci, Jésus nous demande à deux reprises d’aimer nos ennemis. C’est incandescent ! Au fond qu’est-ce qu’il y a de spécifique, entre autres, dans le christianisme si ce n’est cette folie de l’amour des ennemis. Cela va au-delà de la non-violence ! Cette sentence nous donne l’occasion d’admettre qu’il y a une humanité dans celui qui nous veut du mal ; admettre qu’il y a des êtres humains, dans les pires des criminels, et qu’il demeure quelque chose de l’humanité. Au fond, le cœur de la foi chrétienne est ici : Est-ce que je suis capable d’envisager que chez le pire des hommes, il demeure quelque chose de l’humain, quelque chose à sauver, quelque chose à aimer. Ça c’est bouleversant !
Aimer ses ennemis, cela ne veut pas dire d’être d’accord avec eux, cela ne veut même pas dire de ne pas les combattre, tout en respectant, ce que je crois, ce qui demeure d’humanité en eux. Cela va bien au-delà de la non-violence, et c’est quelque chose de beaucoup plus puissant. Martin Luther King dans l’un de ses livres La seule révolution, écrit ceci : « Pour ma part je suis heureux que Jésus n’ait pas dit, ayez de la sympathie pour vos ennemis… aucune sympathie n’est possible envers quelqu’un qui jour et nuit menace de me tuer. Mais Jésus me rappelle que l’amour est plus grand que la sympathie, que l’amour est une bonne volonté compréhensible, créatrice, rédemptrice envers tous les hommes. » Autrement dit, nous sommes invités à changer le regard sur l’ennemi, et le considérer comme un humain avant tout. Finalement, on est au cœur de cet extrémisme de la fraternité, c’est-à-dire, je reconnais en l’autre quelque chose qui est commun avec moi. Il y a, en effet, une commune humanité, y compris avec l’ennemi parce que nous sommes tous, frères et sœurs du même Père, frères et sœurs en humanité.
Père Ovidiu ROBU