Confessez-vous !

par le père Matthieu Villemot, vicaire

Le mercredi des cendres a été consolant pour nous prêtres parce que plusieurs d’entre vous se sont confessés, alors que cette habitude se perd fortement. En ce carême, confessez-vous ! D’abord, l’Église le demande : il faut se confesser au moins une fois par an si possible avant Pâques. C’est un ordre du 4ème concile du Latran en 1215, toujours en vigueur. Ensuite, c’est une souffrance pour les prêtres de ne pas plus souvent confesser. Nous avons de l’or dans les mains et personne n’en veut. Enfin, la Vierge Marie, dans les apparitions de la rue du Bac, montrait à la sainte des étoiles éteintes dans ses mains. Ce sont les grâces qu’on ne lui demande pas. Jésus et Marie ont souffert dans leur Cœur de constater que leur pardon si généreusement offert était refusé.

Vous me direz que vous demandez directement pardon à Dieu. Justement non ! La nécessité d’en passer par un prêtre est signe de la nécessité de passer par le corps du Christ. C’est Jésus qui pour prouver qu’il est Dieu, pardonne au paralytique. Vous me direz que le prêtre est aussi pécheur que vous ! Justement, il est signe de la manière dont Jésus est fait péché pour vous (2 Co 5, 21). Il faut passer par le corps humain de Jésus pour recevoir le pardon puisque c’est son corps offert sur la croix qui nous a sauvés. Jésus a d’ailleurs donné pouvoir à ses apôtres de confesser : « « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus (Jn 20, 22) ». Il n’a pas dit : « débrouillez-vous avec Dieu ».

Enfin, un baptisé ne reçoit jamais un sacrement pour lui seul, c’est toujours l’Église qui reçoit d’abord les sacrements. En vous confessant, vous contribuez à faire descendre la miséricorde de Jésus sur le monde entier qui en a tant besoin. Saint Paul le dit : « nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20) ».

Confessez-vous !

L’avènement du Christ, ce n’est pas une idée

« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » [Psaume responsorial 2e dimanche de l’Avent B, 2e strophe/Ps 84 (85) verset 11]. En confrontant ces paroles aux différents âges de l’histoire de l’humanité et à l’actualité mondiale, nous pouvons éprouver un sentiment de déception. Les humains n’arrivent toujours pas à conjuguer ces deux binômes : « amour et vérité »/« justice et paix ». Un constat qui peut même décevoir nos attentes de la part de Jésus et nous inciter à poser la question suivante : « Que pouvons-nous encore espérer ? »

L’Avent nous rappelle l’engagement missionnaire de l’Église et de tout chrétien pour l’avènement du Royaume de Dieu. Ce temps confère aux velléités humaines de libération leur vraie signification et nous révèle les promesses de Dieu pour l’humanité : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu […] Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur […]. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées… » (cf.Is. 40, 1-4/ première lecture 2e dimanche de l’Avent B). Vivre l’Avent c’est préparer le chemin du Seigneur en redécouvrant chaque année la nouveauté de ce chemin, en prenant conscience de notre condition itinérante et en marchant vers le bonheur que nous n’aurons jamais ici – bas mais dans le monde à venir. Vous allez demander mais comment pouvons-nous en être sur ? 

L’Avent évoque de manière concrète la dimension historique du salut, ce temps est une pédagogie de la rencontre entre l’homme et Dieu, c’est un temps de conversion et de cheminement vers le Royaume à travers tous les mystères qui nous sont donnés à commencer par les figures bibliques ( Isaïe, Jean Baptiste, la Vierge Marie), les sacrements plus particulièrement l’eucharistie et la réconciliation, les œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles, les personnes que nous côtoyons chaque jour sans oublier les activités paroissiales prévues au cours de ce temps fort. 

De ce fait, l’avènement du Christ, ce n’est pas une idée, c’est une vraie rencontre avec le Dieu libérateur qui s’identifie à l’amour, la vérité, la justice et la paix. Nous sommes non seulement en attente d’accueillir le sauveur dans notre cœur à Noël et à la fin des temps mais aussi à chaque instant de notre vie. Cette attente se vit dans la joie et dans une Métanoïa (conversion) progressive de toute l’existence. L’Avent nous enseigne que le Dieu que nous servons et attendons est le Dieu de l’histoire, le Dieu vivant qui est, qui était et qui vient, le Verbe fait chair qui vient demeurer parmi nous et en nous. 

père Robenson Saturné, étudiant

Sainte Famille

Après le rapport de la CIASE que certains catholiques ont nié alors qu’il nous accule à la réforme, la commission sur l’inceste en France a rendu son rapport : chaque année en France, 160 000 enfants sont victimes de violence intrafamiliales. Si j’excepte le témoignage courageux d’Emmanuelle Béart dans la Croix, les réactions sont quasi inexistantes. Pourtant, que signifie une défense catholique de la famille qui ferme les yeux sur la violence conjugale, parentale, l’inceste, les enfants séquestrés, ou jetés à la rue parce qu’ils sont LGBT (j’en connais) ? Que signifie un culte de la sainte famille qui oublie cela ? Dans Amoris Laetitia, le pape nous a demandé de nous mobiliser : 

« C’est la présence (…) de la violence qui brise la vie de la famille et son intime communion de vie et d’amour. (…) S’il est juste et légitime de rejeter de vieilles formes de la famille ‘‘traditionnelle’’, caractérisées par l’autoritarisme, y compris par la violence, cela ne devrait pas conduire à la dépréciation du mariage mais à la redécouverte de son véritable sens. (…) La violence honteuse qui parfois s’exerce sur les femmes, les abus dans le cercle familial (constituent) une lâche dégradation. La violence verbale, physique et sexuelle qui s’exerce sur les femmes (…) contredit la nature même de l’union conjugale ».

François explique aussi que tolérer la violence intra-familiale, c’est se condamner à la retrouver ailleurs. Que cessent nos « vous exagérez, c’est pas si grave, ça a toujours existé, n’en parlez pas, l’essentiel c’est de rester ensemble » et autres. Mes parents, vers 1965, ont aidé ma tante à quitter un foyer violent. Ce n’était pas la mode. 55 ans plus tard, son fils en pleurait de gratitude devant moi sur la tombe de sa mère. Il faut que des catholiques prennent ces combats à bras-le corps, sans quoi nous aggraverons le naufrage des familles. Nous n’avons pas tous et chacun la vocation de nous en occuper dans des associations. Mais prier, s’informer, rester vigilants, signaler, ce sont nos devoirs à tous. Frapper sa femme c’est frapper la Vierge. Violer son enfant, c’est planter la lance dans le Cœur du Christ. Mais puisque le Christ s’est rendu présent même à ces situations comme à toute pauvreté, il nous donnera la lumière et la force, si nous l’acceptons, pour les dénoncer et les combattre. Il rejoindra les victimes dans leur détresse pour les conforter. La violence intrafamiliale n’est pas une fatalité.

Père Matthieu Villemot, vicaire

Veillez : Dieu veille, il nous réveille !

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Veillons car nous ne savons pas l’heure du retour du Christ, du jugement dernier, de sa venue glorieuse. Dès ce dimanche commence le chemin qui nous conduit à l’Avent et à Noël. Veillons car nous ne savons pas l’heure de notre mort, de celle de nos proches, de tous les défunts pour qui nous prions, en faisant spécialement mémoire en ces jours des victimes des guerres. Veillons car nous ne savons pas quand se produira tel ou tel évènement, heureux ou dramatique. La venue de Dieu, dans les libertés humaines et les circonstances de l’histoire, constitue toujours une surprise, imprévue et inattendue. 

Veillons car nous sommes des pèlerins : le mois dernier de Notre-Dame du Perpétuel Secours à Notre-Dame des Otages, à pied, en bus ou en vélo ; il y a quelques jours vers Carthage sur les pas des Pères de l’Eglise et de saint Louis, des chrétiens d’hier et d’aujourd’hui ; dans quelques mois vers Ephèse sur les pas de saint Paul et de saint Jean, puis à Poissy à l’école de notre saint patron qui y reçut le baptême. Notre vie terrestre est un pèlerinage. Nous sommes citoyens des cieux, vivant ici-bas comme des étrangers domiciliés.

Veillons car Dieu veille en nous. Sages ou folles, les dix vierges de la parabole se sont endormies. « Je dors mais mon cœur veille » chante le Cantique des cantiques. Même Jésus dort sur le coussin à l’arrière du bateau. Si nous nous endormons, Dieu veille en nous, par l’huile de son Esprit saint reçu au baptême et à la confirmation. Sa grâce nous précède dès l’aurore. C’est lui qui agit en nous et devance nos désirs. Mystère du sommeil de l’homme que Dieu transforme, tel Adam ou Abraham. Mystère de la nuit où Dieu crée le monde et sauve son peuple, nuit bienheureuse où Jésus sort du tombeau et annonce son retour. « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ».

Veillons car Dieu nous réveille. Par un cri dans la nuit de Gethsémani : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ». Par un cri de la trompette divine, au signal donné par l’ange qui ressuscite les morts et nous emporte sur les nuées du ciel. En nous réveillant il nous donne d’agir, par des efforts qui deviennent légers. Il ne s’agit pas de se rassurer ou de contenter d’un statut, fût-ce celui de chrétien, de prêtre, de consacré. Il ne suffit pas non plus de penser que les autres se préoccupent de notre salut et le gagnent pour nous en nous partageant leur huile. Il ne suffit pas de penser qu’il sera toujours temps, demain, de se convertir. « Je ne vous connais pas » : oui il peut être trop tard, l’enfer existe, et nous courrons le risque de nous couper de Dieu. Cette parole tranchante réveille notre désir de recevoir le pardon de Dieu.

Veiller et être réveillés. Dieu veille et réveille notre attention pour penser à tel voisin, ami, connaissance que nous pourrions inviter à la messe des curieux le dimanche 17 décembre. Dieu veille et éveille chez ces personnes la curiosité pour se laisser inviter, pour oser franchir le pas.

père Jean-Baptiste Arnaud

“Ils disent et ne font pas”

(Mt 13,13)

Je pense au père de famille qui dit à son fils « pourquoi as-tu fait cela, tu sais bien que je t’ai dit souvent de ne pas faire cela. » Il répond : « Papa, la vie que vous menez a complètement noyé vos paroles. » et vient la réplique « évidemment, tu sais bien que c’est ça la vie. » 

Pour vous aussi chers paroissiens, ce n’est pas si évident que cela. Nous nous donnons facilement le titre de bon pratiquant car nous assistons à la messe les dimanches. Mais ceux qui ont l’oreille un peu ouverte aux non croyants entendent souvent une autre parole: « ils se disent catholiques, mais ils manquent de considération, de politesse et de respect pour les autres … ceux qui ne vont jamais à la messe. » Cela m’interroge : est-ce que je vis vraiment ma foi ? Voici ce que le saint Pape Jean XXIII essaye de faire pour vivre chrétiennement :

« Rien qu’aujourd’hui, je prendrai le plus grand soin de me comporter et d’agir de manière courtoise ; je ne critiquerai personne, je ne prétendrai pas de corriger ou de régenter qui que ce soit, excepté moi-même. »

(Jean XXIII sa prière emblématique, La Croix, 15 janvier 2023)

Voici des paroles qui m’interrogent au fond de mon cœur et je vous les transmets. En les suivants nous donnerons un témoignage positif et nous deviendrons de vrais missionnaires. 

Bob Mc Keon, diacre

LA LOI DE L’AMOUR

Les instances de médiation pour la paix ne cessent de réfléchir pour trouver des solutions durables aux luttes fratricides entre les peuples. Pourtant, il y a une solution que tout le monde connait mais qu’on n’a pas le courage de proposer ou d’appliquer soit parce qu’on la trouve trop inoffensive ou peut-être à cause de sa coloration chrétienne. Cette grande détresse que connait notre monde est la cause de l’absence d’une conception supérieure de l’homme et de la vie, bref d’une éthique profondément enracinée dans l’Amour Vrai. Et c’est précisément à ce niveau que l’engagement chrétien prend tout son sens et sa valeur. Un engagement qui ose prendre le parti de la « VERITE » dans la parole comme dans l’action. De ce fait, l’identité chrétienne loin d’être une idée vague ou dépassée devient par la force des évènements plus exigeante qu’on ne le pense.

L’originalité de notre vie de chrétien passera par l’authenticité de notre foi, de notre engagement pour la vie et de notre témoignage fraternel et communautaire. Ainsi, l’Eglise pourra tirer sa raison d’être non pas en fonction du nombre de ses fidèles dans le monde mais plutôt à partir de la qualité du rapport que chaque chrétien entretien avec le CREATEUR et sa créature. Dans un monde marqué par le sécularisme, l’individualisme, la haine et j’en passe, le chrétien doit faire attention pour que sa foi ne soit pas seulement une foi de tradition mais aussi une foi d’engagement qui se concrétise dans le moindre de ses actes au point de pouvoir se dire « Je suis chrétien certes par le baptême, mais je le suis encore davantage parce que j’aime Dieu et mon prochain ». Dans la perspective chrétienne, la fidélité à Dieu et la fidélité à l’homme constituent un binôme inséparable dans tout effort de conversion.

Dieu nous a aimés le premier (cf. Jn 3,16). Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur ». (1 Jn 4, 19-20). Dieu a un rêve pour l’humanité, il rêve d’un monde de paix et de justice où les semblables cessent de s’entretuer, où les plus forts cessent de piétiner les droits des plus faibles. Dieu rêve d’une église synodale où les chrétiens avancent ensemble sur les sentiers de la sainteté. Enfin Dieu rêve d’une communauté paroissiale où les rapports entre chacun de ses membres sont réglés par la loi de l’Amour. Tandis que nous nous préparons à célébrer la TOUSSAINT, Jésus nous présente le grand programme de la sainteté : « Aimer Dieu et aimer notre prochain ». À l’instar de notre PERE CELESTE puissions-nous tous et toutes devenir des saints.

Père Robenson Saturné, prêtre étudiant

Ne pas rajouter d’huile sur le feu

En 1989, j’avais 20 ans. Un âge porté à l’optimisme. Je revois ma mère regarder la chute du mur à la télé avec des yeux de chouette (l’animal de la philosophie) en déclarant : « la guerre est finie ». Les dictatures sud-américaines avaient disparu, les accords de désarmement étaient signés. J’ai rêvé en entendant Bush père parler de « new World Order ». La collection « que sais-je » avait consacré un volume à cette expression. La Bosnie puis le Rwanda a ramené ma génération à la réalité : l’histoire n’est pas finie, elle a encore des choses à donner, heureusement, elle a aussi encore des charniers à remplir, hélas. Nous y sommes : Ukraine, Israël, Haut Karabakh, Gabon, Niger, Mexique où les cartels font chaque année plus de morts que certaines guerres, et autres. La Chine, la Corée du Nord, L’Iran en profitent pour avancer leurs pions. 

Face à tout cela que faire ? D’abord prier et croire à la prière. Patton, dont les convictions religieuses étaient étranges mais sincères, a fait rédiger à son aumônier militaire une prière demandant l’amélioration de la météo nécessaire à la victoire. Il aurait menacé l’aumônier de court martiale s’il n’était pas exaucé puisque c’est la mission de l’aumônier de prier. Il a eu son amélioration et il a libéré Bastogne (et l’aumônier reçut la Bronze star). Dans cette période liturgique, supplions Jésus de revenir vite puisque cela seul mettra fin à toute violence (la bataille finale doit symboliquement avoir lieu à Megiddo où les archéologues ont trouvé des traces de 17 batailles successives, la dernière en 1917). Ensuite, savoir raison garder. Qu’un camp commette des horreurs ne justifie pas l’autre de surenchérir. Qu’un camp soit l’agresseur n’empêche pas que l’autre, un jour, devra accepter de négocier. Ne pas dire : « on ne peut pas négocier avec machin », puisque c’est avec machin que demain nous négocierons. Éviter les amalgames : La Croix signalait que tous les Palestiniens sont loin de suivre le Hamas, et Netanyahu a fait se lever des manifestations monstres à l’échelle de ce petit pays. En juillet 44, des milliers d’officiers Allemands ont été exécutés souvent de manière atroce pour s’être opposés à Hitler. Ne pas rajouter d’huile sur le feu. 

Sur un sujet aussi ultra-sensible que Gaza, il est inéluctable que tous les paroissiens ne partagent pas exactement mon point de vue. Ça s’appelle la démocratie. Mais s’insulter, se suspecter de je ne sais quoi ne rapportera pas la paix (ni la charité). Enfin, regarder les problèmes graves de la France avec sérénité au lieu de faire monter les enchères. Une guerre civile de plus ne rapportera pas la paix.

père Matthieu Villemot, vicaire

Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau

Lors de chaque messe nous entendons solennellement cette parole, dans laquelle résonne la voix de Jean-Baptiste, et qui est tirée de l’Apocalypse (19, 9), livre mystérieux et fascinant dont nous avons commencé l’étude mardi dernier, et qui conduira la paroisse en pèlerinage jusqu’à Ephèse en avril prochain ! Comme nous le rappellent les cloches qui sonnent dans notre quartier et réveillent notre désir, quelle joie de nous avoir invités, attendus pour ce repas de noces du Christ, Fils de Dieu, et de son Eglise, appelée à servir et à rassembler toute l’humanité dans l’amour de Dieu. Quelle joie de découvrir que nous ne sommes pas seulement invités mais que nous devenons l’épouse : ce sont nos propres noces avec le Seigneur Jésus qui sont scellées dans le baptême, célébrées dans l’Eucharistie et dont chaque instant de prière vient entretenir la flamme d’un amour brûlant. Oui nous sommes attendus par Dieu lui-même pour la messe du dimanche, pour l’adoration eucharistique (dans du jeudi soir et du vendredi, et bientôt dans la nuit du jeudi au vendredi !), pour la prière, pour la prière la plus secrète dans le fond de notre chambre et de notre cœur. Qui pourrait résister à un tel appel, à une telle puissance d’amour, à un tel banquet ? Comment peut-on encore refuser de venir ou même tarder à répondre ?

C’est pourtant ce que l’Evangile met sous nos yeux ces trois dernières semaines (vignerons homicides, fils qui dit oui puis non, ouvriers de la première heure jaloux des derniers venus…) et ce dimanche à nouveau, pour nous guérir de ces refus et de ces retards, pour nous convertir. C’est ce que nous disons lors de la messe en réponse à cette parole prononcée par le prêtre en reprenant les mots du centurion de Capharnaüm : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Suite au refus de l’invitation, la salle est remplie d’autres convives, « les mauvais comme les bons », nous rappelant que l’Eglise n’est pas un club de gens bien portants mais un ramassis de pauvres pécheurs, éclopés, qui implorent le pardon de Dieu en s’appuyant les uns sur les autres. « Mon ami comment es-tu entré ici ? » : l’invité qui ne porte pas le vêtement de noces s’enferme dans le silence, incapable de reconnaître qu’il a été appelé gratuitement, par pur amour de Dieu, qu’il n’en est pas digne. « Beaucoup sont appelés, mais pu sont élus » : notre dignité de chrétiens, de paroissiens, de prêtres consiste à reconnaître que nous n’en sommes pas dignes mais que Dieu nous rend dignes. Nous ne sommes pas dignes de participer à l’Eucharistie du Christ en devenant son corps. Nous ne sommes pas dignes de l’adorer une heure le jour ou la nuit mais c’est justement là qu’en réalisant notre indignité nous sommes rendus dignes. Nous ne sommes pas dignes de partir en pèlerinage dans Paris, avec des paroissiens que nous ne connaissons pas ou peu, sur les pas des saints qui ont donné leur vie pour que nous ayons la foi, pour que grandisse entre nous la charité fraternelle et que nous soyons rendus dignes de témoigner de notre espérance dans notre ville aujourd’hui. Bon pèlerinage dimanche !

père Jean-Baptiste Arnaud, curé

Connectez-vous sur le réseau SE

Dans le métro, dans la rue, nombreuses sont les personnes connectées sur un réseau avec leurs portables, elles sont tellement attentives qu’elles ignorent tout ce qui se passe autour d’elles. Elles sont captivées par ce qu’elles voient, tout leur semble possible, distrayant et amusant. Elles sont prises d’un désir incontrôlable qui est superficiel car son objet reste virtuel, incomplet, toujours sans vraie satisfaction car il manque quelque chose : un lien authentique.

Par contre il existe un réseau très différent pour lequel on n’a pas besoin de téléphone, ni de connexion par internet, ni frais de connexion, ni d’harcèlement, ni d’escroquerie, ni de bavardage, ni nuisance pour l’environnement. C’est la fameuse boîte NT qui fournit de la matière pour alimenter ce réseau.

Sûrement vous avez compris que SE c’est le Saint Esprit et que NT, c’est le Nouveau Testament.

Se connecter avec le Saint Esprit nous libère de l’emprise de nos désirs, de rêves, d’illusions et des attraits du monde, Sans le Saint Esprit nous sommes comme le peuple juif emprisonné en Égypte avant la traversée de la Mer Rouge. C’est la grâce du Saint Esprit qui nous libère et qui nous donne la force de sortir pour être présents à ce qui se passe, autrement dit d’être plus humains et de mieux aimer. 

Pour se connecter sur le réseau SE, il suffit d’éteindre tout bruit sous notre contrôle, de se taire, d’être attentifs à une certaine écoute, de ne pas être dispersés et d’attendre avec patience pour joindre le réseau SE, c’est à dire mettre en pratique les paroles de Jésus qui dit : 

Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret (Mt 6, 6).

Une instruction simple, mais qui demande beaucoup de discipline., de persévérance et de fidélité.

C’est à nous de nous connecter …

Bob McKeon, diacre

Accueillir, bâtir, chercher

« Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu » : ce sont donc eux qui vont nous y accueillir. Jésus s’adresse particulièrement aux grands prêtres et aux anciens du peuple afin qu’ils se reconnaissent – que nous prêtres, nous nous reconnaissions – publicains et prostitués, amis de l’argent et idolâtres. Pour accueillir il s’agit d’abord de se laisser accueillir. Pour accueillir le Christ qui vient donner sa vie pour nous, « anéanti, serviteur, abaissé, obéissant jusqu’à la mort » selon les termes de l’apôtre Paul, il nous faut apprendre à le laisser nous accueillir. Pour accueillir nos frères et sœurs il est nécessaire de les « estimer supérieurs à nous, d’avoir en nous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus ». En ces temps de rentrée que les nouveaux venus à Saint-Louis en l’Ile, dans le quartier ou la paroisse se sentent accueillis : le dîner du jeudi 5 octobre à 20h au 3 rue Poulletier vous est consacré, vous y êtes chaleureusement invités !

« Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne » : le Seigneur nous appelle et nous envoie pour collaborer à son œuvre, pour servir sa vigne, c’est-à-dire sa présence vivante, aimante au milieu de son peuple. Chacun de nous est appelé à entendre cet envoi en mission et à discerner la place qu’il veut et peut tenir dans la barque de l’Eglise au service de l’annonce de l’Evangile et de la charité. Tandis que les travaux de notre église approchent de leur terme nous voulons nous préparer à retrouver dans la joie notre église rénovée, et que cette restauration extérieure entraîne un renouveau intérieur de notre foi, de notre espérance et de notre charité. En ces jours où les évêques du monde entier se réunissent à Rome en synode, que le Seigneur « nous enseigne lui-même ses voies, sa route, qu’il nous dirige par sa vérité » selon les mots du psalmiste, qu’il nous apprenne la manière de bâtir l’Eglise, de bâtir des relations ajustées et fraternelles, d’être davantage liés à lui et liés les uns aux autres, en veillant spécialement sur ceux qui sont isolés ou au bord du chemin. Dimanche 15 octobre, après la messe, nous partirons en pèlerinage sur les pas des saints et dans les sanctuaires de l’Est parisien, confiant notre année à Notre-Dame du Perpétuel Secours et aux bienheureux religieux béatifiés en avril dernier, Henri Planchat et ses compagnons. Vous y êtes tous attendus !

« Ensuite, s’étant repenti, il y alla » : Dieu nous laisse le temps et la liberté de lui dire non, puis oui, mais aussi oui puis non, et de croire à la parole de ceux qu’il envoie chercher les brebis perdues, que nous sommes tous ou que nous avons été et serons peut-être à nouveau. Dieu ne se lasse pas de venir nous chercher, et d’aller chercher ceux qui sont loin, ceux qui trouvent « que sa conduite n’est pas la bonne » comme le dit le prophète Ezekiel. Il vient nous chercher, nous détourner de nos crimes et de notre méchanceté, pour qu’avec lui et en son nom nous allions chercher ceux qui sont loin, pour que nous cherchions des manières nouvelles de rejoindre ceux qui habitent, travaillent ou passent dans notre quartier, tous ces curieux de notre entourage que nous voulons inviter à venir goûter la vie de Dieu et la joie de l’Evangile que nous essayons de vivre à Saint-Louis. La mission de Noël du 12 au 17 décembre et la semaine des curieux avant les Rameaux nous en fourniront de belles occasions !

Père Jean-Baptiste Arnaud, curé