Ecole française
Nous avons fêté ces jours-ci le quatrième centenaire de Saint François de Sales, l’une des sources de l’école française de spiritualité très présente dans notre Église entre autres grâce à la très jolie chapelle du Sacré-Cœur (il est rare que l’esthétique du Sacré-Cœur soit à la hauteur de sa théologie). Quels sont les axes de cette école française qui marque encore tant la France ?
D’abord, bien sûr, contempler concrètement l’humanité de Jésus. La détailler dans ses actes : Jésus a été allaité par sa mère, il a été baptisé, il agonisé à Gethsémani, par-dessus tout il est mort et il est ressuscité. Partant de là, découvrir que toute grâce découle de cette humanité, et spécialement de ce cœur « qui a tant aimé les hommes ». Cette grâce, c’est d’abord celle de la miséricorde. Saint François insistait souvent pour qu’on attire les âmes par la douceur de Jésus bien plus que par la rigueur. Jésus n’est mort que pour des pécheurs, parce qu’il n’a trouvé que cela. Même sa Mère, nous le disons chaque 8 décembre, n’est l’Immaculée Conception que parce que son Fils est mort pour elle. Mais de ces pécheurs, il veut faire des saints : « soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Comme il l’a promis à sainte Marguerite-Marie (religieuse de la Visitation fondée par saint François de Sales), il veut que son cœur devienne notre cœur pour que nous vivions comme lui. Pour cela, il faut le rencontrer dans l’oraison et particulièrement dans les sacrements où il se donne en personne.
L’école française de spiritualité a pesé très lourd dans l’habitude célébrer la messe et de communier tous les jours. Elle fut pour cette raison haïe par le jansénisme qui voulait une communion très rare et qui a condamné le culte du Sacré-Cœur au concile de Pistoie. Elle a aussi généralisé la confession mensuelle. Saint François fut aussi le premier auteur d’importance convaincu qu’il faut initier tous les baptisés à l’oraison et l’école française a repris cette ambition. La rencontre affectueuse de Jésus n’est pas réservée aux religieuses. Nous sommes tous invités à vivre ce cœur à cœur gratuit. Car c’est peut-être finalement la pointe de Saint François de Sales et de l’école française : Jésus nous aime gratuitement, nous n’avons rien fait pour mériter d’être aimés puisque Jésus nous aimait avant de nous créer.
Père Matthieu Villemot, vicaire