Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau
Lors de chaque messe nous entendons solennellement cette parole, dans laquelle résonne la voix de Jean-Baptiste, et qui est tirée de l’Apocalypse (19, 9), livre mystérieux et fascinant dont nous avons commencé l’étude mardi dernier, et qui conduira la paroisse en pèlerinage jusqu’à Ephèse en avril prochain ! Comme nous le rappellent les cloches qui sonnent dans notre quartier et réveillent notre désir, quelle joie de nous avoir invités, attendus pour ce repas de noces du Christ, Fils de Dieu, et de son Eglise, appelée à servir et à rassembler toute l’humanité dans l’amour de Dieu. Quelle joie de découvrir que nous ne sommes pas seulement invités mais que nous devenons l’épouse : ce sont nos propres noces avec le Seigneur Jésus qui sont scellées dans le baptême, célébrées dans l’Eucharistie et dont chaque instant de prière vient entretenir la flamme d’un amour brûlant. Oui nous sommes attendus par Dieu lui-même pour la messe du dimanche, pour l’adoration eucharistique (dans du jeudi soir et du vendredi, et bientôt dans la nuit du jeudi au vendredi !), pour la prière, pour la prière la plus secrète dans le fond de notre chambre et de notre cœur. Qui pourrait résister à un tel appel, à une telle puissance d’amour, à un tel banquet ? Comment peut-on encore refuser de venir ou même tarder à répondre ?
C’est pourtant ce que l’Evangile met sous nos yeux ces trois dernières semaines (vignerons homicides, fils qui dit oui puis non, ouvriers de la première heure jaloux des derniers venus…) et ce dimanche à nouveau, pour nous guérir de ces refus et de ces retards, pour nous convertir. C’est ce que nous disons lors de la messe en réponse à cette parole prononcée par le prêtre en reprenant les mots du centurion de Capharnaüm : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Suite au refus de l’invitation, la salle est remplie d’autres convives, « les mauvais comme les bons », nous rappelant que l’Eglise n’est pas un club de gens bien portants mais un ramassis de pauvres pécheurs, éclopés, qui implorent le pardon de Dieu en s’appuyant les uns sur les autres. « Mon ami comment es-tu entré ici ? » : l’invité qui ne porte pas le vêtement de noces s’enferme dans le silence, incapable de reconnaître qu’il a été appelé gratuitement, par pur amour de Dieu, qu’il n’en est pas digne. « Beaucoup sont appelés, mais pu sont élus » : notre dignité de chrétiens, de paroissiens, de prêtres consiste à reconnaître que nous n’en sommes pas dignes mais que Dieu nous rend dignes. Nous ne sommes pas dignes de participer à l’Eucharistie du Christ en devenant son corps. Nous ne sommes pas dignes de l’adorer une heure le jour ou la nuit mais c’est justement là qu’en réalisant notre indignité nous sommes rendus dignes. Nous ne sommes pas dignes de partir en pèlerinage dans Paris, avec des paroissiens que nous ne connaissons pas ou peu, sur les pas des saints qui ont donné leur vie pour que nous ayons la foi, pour que grandisse entre nous la charité fraternelle et que nous soyons rendus dignes de témoigner de notre espérance dans notre ville aujourd’hui. Bon pèlerinage dimanche !
père Jean-Baptiste Arnaud, curé