les Rameaux
Dans le chapelet, nous méditons les mystères de la vie du Christ dans l’ordre chronologique : il est né, il a mené son ministère, il est mort, il est ressuscité. En caricaturant un peu, c’est la manière dont les évangiles synoptiques nous présentent la vie de Jésus. Il est essentiel de conserver ce point de vue qui nous rappelle que Jésus a été un vrai homme qui a connu une vraie croissance, qui s’est inscrit dans une histoire, etc. Il n’a pas tout fait à la fois dans n’importe quel ordre. Ce point est spirituellement crucial pour nous. Nous aussi passons par une croissance. Un ami à moi expliquait qu’il faut 20 ans pour connaître quelqu’un comme s’il y avait 20 ans qu’on le connaissait. Cela est vrai des époux, des parents et des enfants, d’un prêtre et de sa paroisse. Et on ne peut pas tout faire à la fois contrairement à une certaine vulgate catholique qui exige de tout baptisé, et surtout de tout séminariste qu’il soit immédiatement parfait en tout et réussisse à faire oraison, finir son devoir, consoler un enfant du KT et vous expliquer la transsubstantiation comme le curé d’Ars ne le faisait pas. Et s’il finit en Burn out c’est évidemment de sa faute. Mais l’évangile de Jean et la liturgie montrent un autre aspect du mystère : les événements de la vie de Jésus sont imbriqués les uns dans les autres. Nous le vivons ce week-end avec les Rameaux. Jésus entre à Jérusalem pour y mourir et il le sait. Sa mort, comme le montre la liturgie du jour, est inscrite dans cette entrée. Mais cette entrée c’est évidemment l’entrée dans la Jérusalem céleste, dans le Royaume. Sa résurrection et même sa victoire finale sont déjà prises dans cet acte. Cela aussi est excellent pour nous : lorsque pour nous vient l’heure de la croix, osons croire que c’est déjà Pâques qui se célèbre en nous, que Jésus est déjà vivant dans nos cœurs.
Père Matthieu Villemot, vicaire