Frères et sœurs bien-aimés, chers amis,
Chaque matin aux laudes pendant le carême la liturgie nous donne de commencer la journée en chantant l’une ou l’autre de ces deux antiennes : « Les yeux fixés sur Christ, entrons dans le combat de Dieu », ou « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ». Ces paroles éclairent notre marche vers Pâques et particulièrement ce que nous vivons en ce moment. Recentrons nos vies sur le Christ, entrons avec lui dans le combat de l’obéissance et de la charité, même s’il nous semble difficile, contrariant, contraignant. Profitons de ces journées de désert pour écouter davantage la parole de Dieu, pour dialoguer avec le Seigneur, même à tâtons, même dans l’obscurité, même dans l’inquiétude. Ne nous lassons pas de chercher la volonté de Dieu pour nous, et d’accueillir sa bonté pour chacun, pour le monde en ce temps.
Nous nous y préparions depuis quelques jours, lundi soir cela nous a été officiellement demandé : restons chez nous. Il s’agit d’un acte d’obéissance et de charité. Comme nous y exhorte saint Paul : « À tout moment et pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, rendez grâce à Dieu le Père. Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres » (Ep 5, 20-21). Oui restons chez nous, dans l’obéissance et la confiance, par amour de Dieu et de nos frères. C’est aussi une occasion inattendue d’appliquer un commandement de Jésus : « Ne passez pas de maison en maison » (Lc 10, 8) et surtout de méditer un mot si souvent employé par saint Jean : « Demeurer » : « Demeurez en mon amour » (Jn 15, 9), « Comme je demeure en vous » (Jn 15, 4). Nous demeurons en Dieu, il demeure en nous. Nous habitons la maison du Seigneur qui est aussi la nôtre. Nous sommes en lui, il est en nous, nous avec lui, lui avec nous.
Nous ne sommes pas seuls ! Ce temps nous est donné pour développer encore ou pour découvrir ce cœur à cœur avec le Seigneur dans la prière, ce face à face avec Dieu qui nous aime, ce dialogue d’ami à ami – le pape François nous le rappelle dans son message de Carême. En toute confiance, apprenons à vivre la communion spirituelle, encore appelée « communion de désir » – saint-Thomas d’Aquin nous le dit : « Comme l’autre communion… elle soutient, fortifie, répare et réjouit ».
Nous ne sommes pas isolés car nous sommes en grande communion les uns avec les autres. La solitude n’est pas l’isolement. Nous demeurons profondément unis les uns aux autres, par la prière (n’hésitez pas à envoyer vos intentions de prière sur le site ou l’adresse mail de la paroisse), par un coup de téléphone (n’hésitez pas à signaler si vous souhaitez être appelés ou si vous avez besoin qu’on vous fasse des courses), par la messe quotidienne et dominicale (sur KTO mais aussi depuis Saint-Louis sur Facebook à 12h15 et le soir l’évangile et l’homélie à 18h45 sur Youtube).
Avec le père Joseph et le père Ovidiu, avec les séminaristes de la maison Saint-Louis, nous prions pour vous, et nous comptons sur votre prière. Nous vous redisons aussi toute notre affection et notre amitié dans le Seigneur. Régulièrement nous essaierons de vous écrire, de vous envoyer des messages en vidéo sur le site de la paroisse, d’enregistrer des enseignements pour les équipes Syméon ou pour Dei Verbum. Nous pensons spécialement à ceux qui sont malades, seuls, angoissés, à tous ceux qui les soignent et les servent, à tous ceux qui souffrent directement ou indirectement de cette épidémie. Nous présentons à Dieu tous les habitants de notre quartier, de notre ville et de notre pays, ainsi que nos dirigeants, les confiant à l’intercession de Sainte-Geneviève. Nous découvrons en ces jours combien cette sainte patronne nous est donnée de manière providentielle, elle qui a su affronter il y a 1600 ans des circonstances dramatiques pour Paris. Chaque jour nous dirons ensemble la prière de Sainte-Geneviève transmise par notre archevêque.
Il y a un an, le pape François s’adressait aux jeunes avec ces mots, repris depuis à plusieurs reprises pour toutes les générations : « Il vit le Christ, notre espérance (…) et il te veut vivant » (Christus vivit 1), « Ne nous laissons pas voler notre espérance » (Evangelii gaudium 86). Soyons vivants, tenons fermes dans l’espérance.
Je vous propose de terminer en priant ensemble avec le psaume 26 :
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?
Si des méchants s’avancent contre moi pour me déchirer,
ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires, qui perdent pied et succombent.
Qu’une armée se déploie devant moi, mon cœur est sans crainte ;
que la bataille s’engage contre moi, je garde confiance.
J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple.
Oui, il me réserve un lieu sûr au jour du malheur ;
il me cache au plus secret de sa tente, il m’élève sur le roc.
Maintenant je relève la tête devant mes ennemis.
J’irai célébrer dans sa tente le sacrifice d’ovation ; je chanterai, je fêterai le Seigneur.
Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi !
Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face. » *
C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère : tu restes mon secours.
Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu, mon salut !
Mon père et ma mère m’abandonnent ; le Seigneur me reçoit.
Enseigne-moi ton chemin, Seigneur, conduis-moi par des routes sûres, malgré ceux qui me guettent.
Ne me livre pas à la merci de l’adversaire : contre moi se sont levés de faux témoins qui soufflent la violence.
Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »
Père Jean-Baptiste Arnaud, curé, et l’équipe pastorale